Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/356

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Youen-Tan laissa donc la vie au mandarin : « Maintenant, ajouta tout bas le prudent Kouo-Tou, le premier ministre paraît sur nos frontières ; ce n’est pas le cas de discuter. Laissez vivre Fong-Ky, et quand vous aurez repoussé les troupes impériales, alors vous reviendrez sans plus tarder vers cette capitale de Ky-Tchéou, en réclamer la possession. Les anciens on dit : Faute d’un peu de patience, on brouille les affaires les plus importantes ! Notre intérêt nous commande de laisser vivre cet homme... » Adoptant avec joie ce conseil, Youen-Tan leva son canp et se dirigea vers Ly-Yang. Il s’arrêta devant l’armée de Tsao ; à peine eut-il donné ordre à son général en chef Wang-Tchao de commencer le combat, que le premier ministre détacha contre celui-ci son lieutenant Su-Hwang. Après une courte lutte, ce dernier tua d’un coup de sabre Wang-Tchao, et culbuta ses lignes ; Youen-Tan, complétement battu, entra avec les débris de son armée dans Ly-Yang, d’où il envoya demander du secours à son jeune frère. Celui-ci consulta son favori Chen-Pey : « Contentez-vous, répondit le mandarin, de lui fournir quelques troupes, car si vous lui en prêtez une grande quantité, cela retardera vos affaires ! » Cinq mille hommes, tel fut le secours que Youen-Chang expédia à son frère, et cette division, enveloppée à moitié chemin par deux lieutenants de Tsao qui la savait en marche, fut entièrement détruite.

De son côté, Youen-Tan, apprenant quels faibles subsides lui avaient été envoyés et comment ces cinq mille hommes venaient de périr en route, se mit à accabler Fong-Ky de reproches et d’injures : « Est-ce donc pour me traiter ainsi que vous êtes venu me trouver dans mon camp ? — Seigneur, répliqua le mandarin, laissez-moi écrire une lettre dans laquelle je prierai si bien mon maître, qu’il ne manquera pas de venir vers vous en personne ! » Il lui fit écrire cette lettre qu’un courrier alla porter à Ky-Tchéou ; Chen-Pey, consulté par Youen-Chang, répondit : « Votre frère a près de lui un conseiller bien rusé, Kouo-Tou. Si tout d’abord il ne vous a pas disputé le pouvoir, c’est que Tsao-Tsao a passé nos frontières. Vainqueur du premier ministre, il fût arrivé ici pour vous enlever la capitale de vos états ;