Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien mieux d’accord avec mes propres sentiments. — Seigneur, répliqua le mandarin, vous êtes capable de gouverner l’Empire, et mes pensées ne s’élèvent point à la hauteur des vôtres ! »

Aussitôt Tsao fit entrer Hiuen-Té dans la capitale ; il lui donna trois mille soldats et dix mille grandes mesures de grains, en le chargeant de commander la province de Yu-Tchéou, de réunir des forces à Siao-Pey (où il se tenait auparavant), de rassembler et de rallier autour de lui ceux de ses anciens soldats qui s’étaient dispersés, et enfin de châtier Liu-Pou. A peine arrivé au lieu de sa destination, Hiuen-Té expédia des courriers à Tsao pour se concerter avec lui ; celui-ci, désireux d’en finir avec Liu-Pou, tenait ses troupes prêtes, et allait partir, quand arriva la nouvelle suivante. Tchang-Tsy, à la tête des soldats du Kouan-Tchong[1], étant allé attaquer la ville de Nan-Yang, avait été tué d’un coup de flèche. Le fils de son frère aîné, Tchang-Siéou, venait de rassembler ces soldats sans chef ; Kia-Hu l’accompagnait en qualité de conseiller militaire ; il s’était même réuni à Liéou-Piao[2], et concentrait ses forces dans la ville de Ouan-Tching, dans le but avoué de marcher sur la capitale, de s’en emparer et d’enlever l’Empereur.

Fort alarmé de cette révolte, Tsao voulait aller la comprimer en personne ; d’autre part, il prévoyait avec inquiétude que Liu-Pou, après avoir battu Hiuen-Té (abandonné à ses propres forces), ne manquerait pas de tenter un coup de main sur la capitale. « La chose est facile à arranger, lui dit Sun-Yo ; Liu-Pou n’a pas de ligne de conduite bien tracée et il ne consultera que l’appât du gain. Envoyez lui promettre des titres et de riches récompenses ; vous pouvez compter que son ambition se calmera ; il fera même encore la paix avec Hiuen-Té, si vous le voulez, et satisfait de sa position, il ne formera plus de projets qui vous inquiètent. » Le conseil plut beaucoup à Tsao ; il se hâta d’envoyer à Su-Tchéou, résidence de Lin-Pou, l’édit

  1. Kouan-Tchong, signifie en dedans des passages ; le siège de la révolte était donc asses rapproché de la capitale.
  2. Voir vol. Ier, livre II, chapitre II.