Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/360

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la direction de Ping-Youen. Là, Youen-Tan, aidé des avis de Kouo-Tou, songe à mettre en mouvement une nouvelle armée ; il lance en avant un corps considérable qu’il a placé sous les ordres de Tsan-Py. De son côté, Youen-Chang a quitté sa capitale pour continuer la guerre ; les deux armées sont en présence ; les étendards et les tambours flottent et retentissent face à face. Tsan-Py est sorti des lignes l’injure à la bouche ; déjà Youen-Chang veut le combattre, mais son général de première classe, Liu-Kwang, fouettant son cheval, brandissant son cimeterre, s’est élancé au-devant du chef ennemi qu’il a bientôt renversé. Après cette seconde défaite, Youen-Tan se retira en fuyant jusqu’à Ping-Youen[1].

« Frappons un dernier coup, dit Chen-Pey à son jeune maître en l’excitant par ses discours, et arrachons le mal jusqu’à la racine ! » Aussitôt Youen-Chang remet ses troupes en marche ; il arrive en courant jusque devant la ville ; mais Youen-Tan ayant fait faire volte-face aux siens, revient combattre. Il ne peut repousser l’aggression du vainqueur, et rentre dans Ping-Youen, dont il garde les murs sans risquer de sorties. L’armée de son jeune frère bloquait la place par trois côtés[2], et comme il l’a savait mal approvisionnée, il demanda conseil à Kouo-Tou : « Vos troupes sont bien réduites, répondit le mandarin ; et puis, les vivres manquent. Youen-Chang arrive avec toute son armée, une plus longue résistance devient impossible. Dans mon humble pensée, il vaut mieux envoyer à Tsao-Tsao notre soumission, pour obtenir de lui qu’il marche contre Chang. Le premier ministre fera donc avancer des troupes qu’il dirigera indubitablement contre le chef-lieu, contre Ky-Tchéou ; ce qui, certainement aussi, forcera Chang à voler au secours de sa capitale. Vous-même, à la tête de vos soldats, attaquez-le par l’ouest, en le prenant à revers du côté de Nié, et c’en est fait de lui. Si Tsao-Tsao

  1. Ping-Youen est aujourd’hui le chef-lieu du même nom dans la province de Ho-Nan ; (note de l’édition in-18.) Cet endroit est désigné dans l’Histoire générale de la Chine (vol. IV, page 38), comme faisant actuellement partie du district de Taï Ngan-Fou, dans le Chan Tong.
  2. Le fleuve Ho formait le quatrième côté de la ville.