Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/370

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l’intérieur de la ville, et de l’incendier, ce qui la ferait immédiatement tomber en son pouvoir. Aussitôt Tsao-Tsao lui confia trois cents hommes robustes qui devaient, à la faveur des ténèbres, mettre ce plan à exécution. De son côté, Chen-Pey (depuis la défection de Fong-Ly) parcourait lui-même toutes les nuits les remparts pour inspecter les postes ; un soir, du haut du pavillon qui domine l’une des portes, il s’aperçoit de l’absence de lumière autour des fossés. Cette circonstance lui fait deviner le plan que médite Fong-Ly ; il appelle des soldats d’élite, leur ordonne, sans plus tarder, d’apporter des pierres et de boucher l’entrée des souterrains ; de cette façon, le transfuge et ses trois cents travailleurs périrent sous la terre qu’ils creusaient.

Découragé par cet échec, Tsao-Tsao fit abandonner les travaux entrepris, et ramena ses troupes sur le bord de la rivière Houan pour y attendre le retour de Youen-Chang. Ce dernier, instruit des événements que nous avons vus s’accomplir[1], se porta vers sa capitale pour la secourir, suivi de la moitié de son armée. Le général Ma-Yen lui conseillait d’éviter la grande route où Tsao ne manquerait pas de lui tendre une embuscade. « Il vaut mieux, disait-il, prendre un chemin détourné qui vous conduira le long des monts Sy-Chan, à l’embouchure de la rivière Fo-Chouy. Vous pourrez assaillir le camp du premier ministre et le forcerez infailliblement à lever le siége. — Cette marche en avant peut m’être funeste, répondit Youen-Chang ; restez avec Tchang-Hy à l’arrière-garde pour me soutenir. » A peine avait-il pris ces arrangements, à peine était-il en marche que des espions vinrent en donner avis à Tsao-Tsao.

« Cet ennemi qui se retire, dit Tsao-Hong, au lieu de le poursuivre, il faut l’éviter ; les soldats de Youen-Chang ont leurs familles dans cette ville, et dans leur retraite ils se battront avec le courage du désespoir. — Si Youen-Chang venait par la

  1. C’est-à-dire l’occupation de Ping-Youen par le premier ministre, l’attaque de sa capitale cernée par des forces imposantes, et la mort des deux généraux Yn-Kay et Kiu-Kou.