Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/385

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Le conseiller Kouo-Tou exposa que l’armée du nord ne pouvant se mesurer avec celle du sud, il fallait, dès le lendemain, faire sortir le peuple en masse ; les troupes suivraient immédiatement, et dans un combat à outrance contre le premier ministre, on tenterait définitivement la fortune[1]. Ce conseil plut à Youen-Tan. Cette même nuit, le peuple fut averti par une proclamation, qu’il devait évacuer la ville, et s’armer de sabres et de piques. Le lendemain, quand il fit jour, les quatre portes s’étant ouvertes à la fois, les troupes sortirent, poussant devant elles[2] cette foule de peuple qui se ruait en tumulte et se dirigeait, entraînée par les soldats, vers le camp impérial. Depuis sept heures du matin jusqu’a midi, ce fut une mêlée terrible, et sans résultat décisif ; les morts couvraient la terre. Alors, voyant que la victoire se refuse à passer de son côté, Tsao-Tsao abandonne son cheval ; il gravit à pied la montagne, et frappe le tambour de sa propre main. Les généraux et les soldats, qui l’ont vu, se lancent au combat avec une nouvelle ardeur ; les lignes ennemies sont mises en pleine déroute, le peuple tombe de toutes parts. Su-Hwang[3], traversant avec intrépidité les bataillons vaincus, rencontre Youen-Tan et l’abat d’un coup de sabre. A la vue de ses soldats mis en fuite, Kouo-Tou retourne précipitamment vers la ville, mais il tombe dans le fossé, percé par les flèches que lui lance Yo-Tsin.

Déjà le premier ministre, entré dans la place conquise, rassurait le peuple, quand parut un corps d’armée commandé par Tsiao-Tcho et Tchang-Nan, lieutenants de Youen-Hy. A peine virent-ils les troupes conduites vers eux par le vainqueur, qu’ils jetèrent bas leurs armes et firent leur soumission : le titre de prince fut leur récompense. Alors aussi arriva un rebelle des

  1. Littéralement : on distinguerait la femelle du mâle, la poule du coq.
  2. Celui qui est sans pitié pour le peuple, dit en note l’édition in-18, est-il digne de posséder la terre !
  3. Le texte in-18, qui varie un peu dans les détails du combat, attribue cet exploit à Tsao-Hong, parent du premier ministre. De là, une note qui fait ressortir d’une part l’union qui règne dans la famille de Tsao-Tsao, et de l’autre la division qui a causé la ruine des enfants de Youen-Chao.