Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/394

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attaquant à l’improviste, vous êtes sûr, à la première charge, de venir à bout du chef des Ou-Hoan. » Ce conseil plut à Tsao-Tsao ; il donna au mandarin le titre de général chargé de la pacification des provinces du nord, et lui confia la direction de l’avant-garde ; Tchang-Léao eut ordre de se joindre à lui. Le premier ministre, en personne, se réservant l’arrière-garde, partit à la tête de la cavalerie légère.

On était alors en automne, au septième mois de la onzième année Kien-Ngan (206 de J.-C.) Tien-Tchéou avait conduit son collègue Tchang-Léao et le premier corps jusque dans les monts Pé-Lang-Chang ; de leur côté, les deux frères Youen s’étaient réunis au chef des Tartares, accompagnés d’environ dix mille cavaliers. Sans plus tarder, Tchang-Léao en donna avis au premier ministre, qui se lança au galop sur les hauteurs pour faire une reconnaissance ; il vit que les troupes du roi tartare ne formaient pas des rangs distincts, qu’elles étaient dispersées pêle-mêle et en désordre : « Ces barbares ne sont pas en ligne ; attaquons-les à l’instant ! » s’écria-t-il en s’adressant à son général ; puis il lui remit une bannière.

Tchang-Léao s’adjoignit trois divisions[1], et descendant du sommet des montagnes par quatre colonnes, les troupes impériales chargèrent l’ennemi avec ardeur et impétuosité. La déroute des Tartares fut complète ; leur chef, atteint dans sa fuite par Tchang-Léao, tomba sous les coups de celui-ci ; tout le reste des vaincus se soumit : depuis le chef (qui avait le titre de roi), jusqu’aux simples combattants, Tartares ou Chinois, on en compta bien deux cents mille. Quant aux frères Youen, ils s’enfuirent vers le Léao-Tong, suivis de mille cavaliers à peine[2].

Des courriers envoyés vers Kouo-Kia pour s’informer de sa santé, rapportèrent à Tsao-Tsao que le mandarin était mourant.

  1. Commandées par Hu-Tcho, Yu-Kin et Su-Hoang.
  2. Voir l’Histoire générale de la Chine, volume IV, pages 44 et 45, le récit succinct de cette campagne hors des frontières chinoises. Le roman et la chronique sont parfaitement d’accord sur tous les points principaux et même sur beaucoup de détails.