Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terre, dans l’excès de sa douleur, il s’écria : « Fong-Hiao[1] est mort !... Le ciel m’a frappé au cœur. » — Et se tournant vers les mandarins civils et militaires présents à cette cérémonie, il ajouta : « Vous êtes tous de mon âge, lui seul était plus jeune que moi ! J’espérais dans l’avenir lui confier le fardeau des affaires.... Mais avant qu’il eût atteint le milieu de sa carrière le ciel a tranché le fil de ses jours. Hélas ! mon cœur est déchiré ! » Alors ceux qui avaient assisté le mandarin dans ses derniers moments présentèrent à Tsao-Tsao une lettre que le fidèle conseiller avait écrite et cachetée de sa main, en lui disant : « Voici un billet tracé par Kouo-Kia à son lit de mort ; si votre excellence se conforme aux instructions qu’il renferme, le Léao-Tong sera conquis sans coup férir. — Ah ! répliqua Tsao-Tsao, il s’est dévoué de la sorte a mon service, et je ne suivrais pas ses conseils ! » Il brisa le sceau de la lettre, et la lut avec un mouvement de tête affirmatif accompagné d’un soupir ; mais les mandarins qui l’entouraient ne comprirent point sa pensée.

Le lendemain donc, Hia-Héou-Tun, suivi des autres généraux, vint dire à Tsao-Tsao : « Le commandant de Léao-Tong, Kong-Sun-Kang, tarde bien à se soumettre ; voici que déjà les deux Youen ont trouvé refuge près de lui ; très certainement il nous viendra de ce côté de nouveaux embarras. Pourquoi ne pas profiter de ce qu’ils n’ont pas encore fait un mouvement vers nous pour marcher contre eux ? par-là cette province tomberait entre nos mains. — Il n’est pas besoin pour cela de recourir a votre bouillante ardeur, répliqua Tsao-Tsao en souriant ; avant peu de jours, Kong-Sun-Kang m’aura envoyé les têtes des deux fugitifs. » Les officiers n’ajoutaient guère foi à ces paroles ; aussi le lendemain firent-ils de nouvelles observations auxquelles le premier ministre répondit comme la première fois ; de leur côté, ils continuaient à ne point partager sa confiance. Or, voici ce qui se passait.

Youen-Hy et Youen-Chang s’étant enfuis avec mille cavaliers

  1. C’est le petit nom de Kouo-Kia.