Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/397

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dans le Léao-Tong, Kong-Sun-Kang[1], commandant du lieu, instruit de leur arrivée, assembla ses subordonnés, afin de conférer avec eux sur ce qu’il devait faire. « De son vivant, dit Kong-Sun-Kong[2], Youen-Chao avait le désir bien arrêté d’envahir cette province ; l’occasion seule lui a manqué. Maintenant ses deux fils arrivent ici, après avoir perdu leur armée ; leurs officiers ont été tués, ils n’ont plus ni feu, ni lie-égorgo,su. Leur pensée, en venant ici, est donc de jouer le rôle de l’épervier qui s’établit dans le nid de la pie. Si nous leur donnons l’hospitalité, ils ne manqueront pas de mettre leur dessein à exécution. Le meilleur parti à prendre, c’est donc de les inviter à entrer dans nos murs ; puis de les égorger et d’envoyer leurs têtes à son excellence, qui ne laissera pas que de nous en témoigner son obligation. — D’un autre côté, je crains, répliqua Kong-Sun-Kang, que Tsao-Tsao ne profite de l’occasion qui s’offre à lui de s’emparer de notre province. Appelons plutôt les deux fugitifs pour qu’ils nous aident, et faisons avec eux une alliance envers et contre tous ! »

« Si Tsao-Tsao a l’intention d’usurper cette province, il ne manquera pas d’arriver ici à marches forcées, objecta Kong-Sun-Kong ; si telle n’est pas sa pensée, certainement il restera tranquille avec ses troupes. Ainsi, tâchons de savoir ce qu’il fait ; s’il est en mouvement, laissons vivre près de nous les deux Youen ; s’il n’avance pas,... tuons les fugitifs et livrons-lui leurs têtes.»

Kong-Sun-Kang, partageant cet avis, envoya au plus vite des espions vers les troupes impériales. D’un autre côté, Youen-Hy disait à son frère : « Cette province de Léao-Tong renferme plus de dix mille soldats ; elle est assez forte pour résister à Tsao-Tsao. Entrés dans la place, égorgeons le commandant et toute sa famille ; le chef-lieu tombera ainsi en notre pouvoir. Après nous y être remis de nos défaites, nous pourrons porter la guerre dans le Tchong-Youen[3] et reparaître dans nos provinces du

  1. Né à Siang-Ping, dans cette même province ; il était fils de Kong-Sun-Tou, commandant militaire de Wou-Wey.
  2. Oncle de Kong Sun Kang, comme l’apprend le texte mandchou.
  3. Littéralement : la plaine du milieu, c’est-à-dire la Chine, les provinces soumises à l’Empereur.