Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/41

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ceinture des fantassins ; des cavaliers ennemis en très grand nombre étaient là, en face de lui, devant la porte des retranchements, tous armés de longues piques et cherchant à franchir ce passage. Tien-Wei frappe brusquement devant lui avec son sabre ; vingt de ces rebelles tombent morts à ses pieds. Les cavaliers reculent ; les fantassins s’élancent à leur tour, et le héros est environné de piques qui l’entourent comme un faisceau de bambous.

Tien-Wei n’avait pas de cuirasse ; percé de dix pointes acérées, il résiste seul en poussant des cris, en luttant jusqu’au dernier soupir. Son sabre, tout ébréché, n’est plus pour lui qu’une arme inutile ; il le jette, saisit de ses robustes mains les deux premiers ennemis qui se présentent, et reprend l’offensive. Une dizaine de soldats tombent morts[1] ; parmi ces rebelles, il n’en est plus un seul qui ose s’approcher de la porte du camp ; de loin, ils font pleuvoir sur Tien-Wei une nuée de flèches qui l’enveloppent ; mais le héros, tant qu’il lui reste un souffle de vie, défend le poste confié à sa garde.

Cependant, des deux côtés à la fois, les bandits se précipitent par derrière les retranchements ; leurs longues lances atteignent le dos de Tien-Wei, qui rugit de colère, inonde la terre de son sang et expire. Bien qu’il eût cessé de vivre, aucun des rebelles n’osa franchir la porte.

Tandis que Tien-Wei arrêtait ainsi les traîtres à l’entrée du camp, Tsao-Tsao avait eu le temps de se jeter sur un cheval rapide[2] et de franchir, en le lançant au plein galop, les limites

  1. L’éditeur chinois d’une édition in-18 du San-Koué-Tchy, met en note : Et s’arma de deux hommes en guise de lance ; on peut dire qu’il repoussa les ennemis avec ces mêmes ennemis (qui lui servaient d’armes).
  2. Il y a dans le texte chinois : Ta-Youen ma, mots que l’interprète tartare a omis de reproduire et d’expliquer : ils signifient ; un cheval du Ta-Youen, pays situé à l’ouest de la Chine, à 1, 250 milles (12, 500 lys) de la capitale des premiers Han, selon le dictionnaire de Kang-Hy et celui de Basile (qui tous les deux prononcent Youen et non Wan). Au vol. Ier, page 200, des Mélanges asiatiques, M. Abel Remusat appelle ce royaume Fergana, et parle des chevaux merveilleux qu’on y élevait. Sans doute, ici ce mot n’a plus que la valeur d’une épithète.