Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/413

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pointe de son sabre, et jetant son arme loin de lui, il remonta à cheval. « J’ai là des soldats tout prêts, lui dit Tsay-Mao ; allons a Sin-Yé arrêter le fugitif ! — Non, reprit Liéou-Piao, j’ai d’autres desseins. » Et le mandarin, alarmé de cette indécision, retourna secrètement auprès de sa sœur pour s’entendre avec elle. « Voici que le grain arrive de toutes parts dans les greniers, disait-il, ne serait-il pas bon de rassembler a Hiang-Yang tous les personnages influents du pays, et de choisir cette réunion pour l’accomplissement de nos projets ! — Vous avez l’autorité en main, répondit-elle ; est-il besoin de m’interroger ? » Dès le lendemain, Tsay-Mao, paraissant devant Liéou-Piao, lui fit part de cette idée ; la récolte étant achevée, ce serait le cas d’appeler à Hiang-Yang les grands de la province, pour une partie de chasse dont tous les préparatifs étaient déjà faits ; les cavaliers allaient se trouver à leur poste, il ne manquait plus que Liéou-Piao lui-même.

« Cela m’est impossible, répondit celui-ci, je me sens indisposé depuis quelques jours ; appelez mes deux fils et qu’ils fassent les honneurs de la fête. — Ils sont encore jeunes, objecta le mandarin, je craindrais que ce ne fût manquer aux rites et aux convenances, et surtout à la coutume qui prescrit d’adresser aux convives, en cette circonstance, des félicitations et des encouragements... — Eh bien, vous avez ici près, à Sin-Yé, mon frère adoptif Hiuen-Té ; confiez-lui ce soin. » « Bon, pensa Tsay-Mao, voilà qui sert mes projets à merveille ! » Et il invita Hiuen-Té à la réunion.


II.[1]


Cependant, Hiuen-Té regrettant les propos inconsidérés qu’il avait tenus, n’osait plus voir personne. Quand les exprès, arrivés à Sin-Yé, vinrent le convier à la fête, il promit de s’y rendre, mais un des assistants s’écria : « Seigneur, restez, si vous ne

  1. Volume III, livre VII, page 117 du texte chinois-mandchou.