Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/431

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le héros en se levant à son tour avec politesse, oserais-je prétendre à la trop belle réputation qu’on veut me faire !... Mon but unique serait de répandre la paix et le bonheur parmi le peuple et l’armée, et n’étant pas sûr d’y arriver, je réclame, docteur, vos excellents conseils. »

« Depuis mon pays de Yng-Chang jusqu’ici, j’ai entendu dire que les gens de Sin-Yé chantent un refrain ainsi conçu : Quand sa seigneurie Liéou-Hiuen-Té, oncle de notre Souverain, arrive parmi nous, le peuple est dans l’abondance ! — Voila la preuve que vous êtes bon envers le peuple et que vous répandez autour de vous des consolations ! » Hiuen-Té accorda à Tchen-Fo le titre de conseiller militaire, et le chargea d’exercer les troupes, hommes et chevaux.

Cependant, Tsao-Tsao, rentré dans la capitale[1], nourissait toujours le désir de s’emparer du King-Tchéou. Il tenait donc rassemblés dans la ville de Fan-Tching trente mille hommes commandés par son parent Tsao-Jin ; celui-ci avait sous ses ordres, outre Ly-Tien, les deux frères Liu[2]. Ce devait être comme un camp d’observation d’où le général en chef de ce corps de troupes surveillerait les mouvements (de Hiuen-Té et de Liéou-Piao qui occupaient)le King-Tchéou et le Hiang-Yang. Les deux Liu firent remarquer à Tsao-Jin que Hiuen-Té réunissait des troupes dans sa ville de Sin-Yé, qu’il s’occupait d’acheter des chevaux et de s’approvisionner de grains et de fourrages. Son intention n’était-elle pas de se porter sur la capitale ? et dans ce cas, ne devait-on pas diriger contre lui les premières attaques ? « Depuis que nous avons passé sous les drapeaux de Tsao-Tsao, ajoutaient-ils, nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous signaler ; de grâce, accordez-nous cinq mille hommes de bonnes troupes, pour que nous puissions aller prendre la tête de Hiuen-Té et la présenter à son excellence ! »

  1. Après avoir triomphé des Youen dans le Ky-Tchéou.
  2. Liu-Kwang et Liu-Tsiang, qui avaient abandonné le parti des Youen. Voir, page 355, ce que le texte chinois exprime par les mots : récemment soumis.