Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/44

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tous ses officiers assemblés : « Ce n’est pas mon fils aîné ; ce n’est pas mon neveu que je pleure avec désespoir, non ! c’est Tien-Wei ! — Seigneur, répondirent les courtisans, votre affection envers les gens probes et dévoués s’élèvent au-dessus des sentiments d’un père pour son fils ! » De retour à la résidence impériale, il distribua des récompenses à toute son armée.

Cependant l’émissaire, chargé d’aller dans la ville de Su-Tchéou remettre à Liu-Pou le décret impérial, étant arrivé à sa destination, ce général vint au-devant de lui et le fit entrer dans son palais ; là, il ouvrit la lettre écrite au nom du souverain, par laquelle un haut grade militaire lui était accordé, prodigua à cette missive les honneurs habituels, et reçut le sceau de sa nouvelle fonction. Ivre de joie, le guerrier lut un billet particulier écrit par Tsao lui-même, et qui disait :

« L’Empereur n’a pas de bon or ; c’est avec de l’or pris dans ma propre cassette, que j’ai fait fondre le sceau ci-joint. L’Empereur n’a pas de belle soie ; celle que je vous envoie est le cordon avec lequel je suspends mon propre sceau[1]. Je veux par là montrer quels sont mes sentiments à votre égard ! Général, faites la paix avec Liéou-Hiuen-Té, entendez-vous avec lui pour abattre Youen-Chu, donnant ainsi un grand exemple de fidélité à la dynastie.

« Dans une lettre on ne peut pas tout dire, général ; mais je m’en rapporte à votre sagacité ! »

Dans sa conversation avec l’envoyé de la cour, Liu-Pou put se convaincre que le premier ministre (du moins en apparence) attachait un très grand prix à son alliance, et il combla d’égards le mandarin. Tout à coup cependant, la nouvelle arriva que Youen-Chu venait de dépêcher un nouvel émissaire. — « Eh bien, que veut-il ? demanda Liu-Pou en riant. — Seigneur, il est chargé de vous dire que Youen-Wang (l’empereur

  1. Sur le sceau des mandarins et des généraux, voir la note de la page 84, vol. Ier, page 316.