Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/56

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couleurs, sur laquelle sont figurés le dragon et le phénix, le soleil et la lune ; ayant auprès de lui la masse d’armes en or[1], la grande hache d’argent, la petite hache jaune, ainsi que le drapeau blanc[2] (insignes du pouvoir suprême) ; à l’ombre d’un parasol au manche recourbé, fait de soie jaune et brodé d’or, parait Youen-Chu, recouvert d’une armure du plus riche métal, portant à la ceinture deux cimeterres. Il injurie Liu-Pou en le traitant de brigand révolté, de vil esclave rebelle à son Empereur.

Plein de rage, celui-ci s’élance contre Youen-Chu la lance en arrêt ; un des lieutenants de ce dernier, Ly-Fong, vole à sa rencontre ; frappé d’un coup de pique à la main dès la troisième attaque, il laisse tomber son arme et s’enfuit. Deux autres chefs se précipitent hors des rangs, et harcellent Liu-Pou de deux côtés à la fois, sans pouvoir lui tenir tête[3]. Youen-Chu s’avance en personne avec son propre corps d’armée ; mais les trois divisions qui le suivent sont bientôt en pleine déroute. Une immense quantité de chevaux, d’équipements militaires, de cuirasses, de casques, devient la proie des soldats de Liu-Pou.

Mb en fuite à son tour, Youen-Chu rencontre derrière la montagne une troupe qui l’arrête ; elle a pour chef Kouan-Yu[4], le frère d’armes de Hiuen-Té, qui, accompagné de cinq cents fantassins portant des coutelas, lui crie d’une voix terrible : « Brigand, rebelle ! tu n’as pas encore reçu le châtiment de tes crimes ; où cours-tu ainsi ? » Youen-Chu épouvanté, hors de lui, se sauve toujours ; car son terrible ennemi se trouve face à face avec Ky-Ling qui l’arrête en combattant. Grâce à cette

  1. Le texte chinois emploie le caractère koua (clef 97), qui signifie citrouille, courge, et que l’interprète chinois rend par maitou, masse, bâton. Après cette peinture du faux empereur, l’éditeur chinois du texte in 18 ajoute cette note : pareil à un grand cerf qui se cache sous la peau du tigre.
  2. Ce drapeau, appelé mao, est fait d’une queue de vache.
  3. Dans ces combats, on a omis quelques noms propres et ajouté quelques épithètes pour éclaircir le texte.
  4. Il avait été envoyé par Hiuen-Té au secours de Liu-Pou, qui lui avait écrit une lettre, ainsi qu’on l’a vu plus haut. L’auteur chinois décline ici ses noms et surnoms, comme s’il paraissait pour la première fois.