Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/66

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tous ses généraux ; il emmena trois cents mille hommes ; mille chariots suivaient l’armée portant les vivres et les fourrages. On était alors au neuvième mois de la deuxième année Kien-Ngan.

À peine ses troupes furent-elles disposées, que Tsao écrivit a Sun-Tsé, à Hiuen-Té et à Liu-Pou de le joindre, puis il marcha vers les frontières du Yu-Tchéou. Hiuen-Té, étant venu au-devant de lui, entra dans son camp et lui présenta deux têtes. « Quels sont ces deux hommes que vous avez décapités, demanda Tsao tout surpris ? — Han-Sien et Yang-Fong ! — Et qu’avaient-ils fait ? — Chargés par Liu-Pou de gouverner deux districts, ils se servaient de leurs troupes pour opprimer et piller le peuple, qui n’a pu supporter ces violences sans murmurer. Je les ai invités à un banquet sous prétexte de parler d’affaires, fait saisir et punir de mort. Leurs soldats sont sous mes ordres, et me voilà prêt à subir mon châtiment ! — Vous avez débarrassé l’Empire d’un grand fléau, reprit Tsao, et bien mérité du souverain ; en quoi donc seriez-vous coupable ? » Il récompensa Hiuen-Té, et ayant réuni ses troupes aux siennes, s’achemina vers les confins du Su-Tchéou.

Quand Liu-Pou vint à sa rencontre, il le flatta par de belles paroles, le nomma commandant de la gauche, et ce qui le combla de joie, il lui promit de changer son ancien sceau dès qu’il retournerait à la capitale. Le commandement de la droite, il le donna à Hiuen-Té, se réservant à lui-même celui de la principale division ; l’avant-garde obéissait à Héou-Tun et à Yu-Kin.

Instruit de l’approche des troupes impériales, Youen-Chu dirigea contre elles son général en chef, Kiao-Jouy, à la tête de cinquante mille hommes. Les deux armées se rencontrèrent près d’un lieu nommé Chéou-Tchun. Kiao perdit la vie presque à la première attaque, en combattant hors des lignes avec Héou-Tun ; Youen-Chu, mis en pleine déroute, alla s’enfermer dans la ville. De toutes parts on vint l’avertir que Sun-Tsé, ayant traversé le Kiang sur des bateaux[1], menaçait déjà la partie occidentale de

  1. Le texte mandchou dit plus explicitement : Sun-Tsé a pris des troupes d’eau, et traversant le Kiang, il attaque notre coté occidental.