la capitale ne fût menacée, et il suppliait Tsao-Tsao de revenir. Celui-ci écrivit à Sun-Tsé de retraverser le Kiang, afin de tenir Liéou-Piao en respect, tandis que lui-même il attaquerait Tchang-Siéou pour couper le mal dans sa racine. Sans attendre au lendemain, il mit ses troupes en marche, après avoir recommandé à Hiuen-Té et à Liu-Pou de vivre en frères, de s’entre-secourir et de cesser tout empiétement sur le territoire l’un de l’autre ; puis quand ce dernier fut parti pour Su-Tchéou, il dit en secret à Hiuen-Té : « Je veux que vous occupiez la ville de Siao-Pey avec vos soldats ; creusez une fosse autour du tigre pour l’empêcher de sortir[1], et, en toute occasion, concertez-vous avec Tchin-Kouey. Soyez prudent ; au premier appel, je suis prêt à vous aider. » Et il se retira ; (Hiuen-Té de son côté rentra donc à Siao-Pey).
À peine arrivé à la capitale avec son armée, Tsao-Tsao apprit que Ly-Kio et Kouo-Ssé[2] venaient d’être mis à mort. Les généraux Touan-Œy et Ou-Sy, après avoir abattu les têtes de ces rebelles, avaient arrêté tous leurs parents au nombre de deux cents personnes ; le premier ministre les fit tous périr[3] sans distinction d’âge ni de sexe, à la grande satisfaction du peuple. Dès que ces brigands eurent été exécutés, il alla faire visite à l’Empereur. Tous les mandarins civils et militaires furent convoqués et réunis dans un festin de réjouissance. Touan-Oey et Ou-Sy, élevés au rang de commandants de districts, s’en allèrent avec leurs troupes garder l’ancienne capitale, Tchang-Ngan. Alors Tsao représenta au jeune souverain que, Tchang-Siéou portant la désolation parmi les habitants de la campagne et tyrannisant le
- ↑ L’intention de Tsao était de détruire l’un par l’autre ces deux hommes qui, sous des rapports bien différents, lui portaient ombrage. Liu-Pou passait pour l’un des héros de son temps à cause de sa bravoure, de sa témérité, et de sa force extraordinaire ; Hiuen-Té avait une grande influence sur les populations, parce qu’il était de la famille impériale des Han. Tsao cherchait à les réunir, quand il avait besoin d’eux, puis à les diviser pour les vaincre plus facilement ou les porter à s’attaquer l’un l’autre.
- ↑ Voir vol. Ier, livre III, chapitre III.
- ↑ Quand il s’agit de rébellion et de crime de lèse-majesté au premier chef, on punit de mort en Chine les parents du coupable jusqu’au neuvième degré.