Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

signal, qui sera un coup de canon, les troupes cachées se démasqueront ; un homme en vaudra cent dans cette embuscade, et Tsao sera infailliblement battu ! »

Tchang-Siéou approuva cette ruse. Les hommes du peuple, revêtus d’armures, furent rangés sur les parapets des murailles. Ceux qui veillaient sur la tour des signaux vinrent dire à Tsao que des soldats se dirigeaient vers les côtés du nord et de l’ouest ; il crut que le chef assiégé avait donné dans le piège. Gardant près de lui ses troupes d’élite, il dit à celles qui devaient feindre une attaque de préparer leurs armes. Au jour, l’assaut commença vers la partie du nord et de l’ouest ; à la seconde veille, dans les murs et hors des murs, c’étaient des cris assourdissants, et Tsao, profitant de ce que le combat paraissait vivement engagé sur ce point, se porta avec les siens sur l’autre, où les palissades moins solides présentaient une défense incertaine. Il a bientôt traversé les fossés et renversé le faible obstacle ; son armée se jette en masse dans la ville…., aucun ennemi ne parait. Seulement, là où se donnait la fausse attaque une grande clameur s’élève ; dans la partie que les troupes impériales occupent déjà, un feu subit répand une immense clarté. Les gens de Tsao se précipitent en avant ; menacés à droite et à gauche par les troupes embusquées qui se démasquent, ils veulent rétrograder au plus vite ; mais Tchang-Siéou arrive par derrière suivi de ses divisions et les arrête. Les portes de l’est et du sud étaient ouvertes ; les soldats choisis que Tsao avait entraînés sur ses pas s’y lancent pour échapper à l’ennemi ; culbutés et mis en pleine déroute, ils tombent dans les fossés et y trouvent la mort.

Le carnage dura jusqu’à la cinquième veille ; Tsao battit en retraite à un mille de la ville ; après lui avoir enlevé des armures, des chevaux, des vivres et des fourrages en abondance, Tchang-Siéou ramena dans les murs ses divisions victorieuses. Quand le premier ministre rassembla ses troupes mises en fuite, il reconnut qu’il avait perdu environ cinquante mille hommes ; deux de ses généraux étaient blessés[1].

  1. Liu-Kien et Yu-Kin.