Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/78

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arrêter tout à coup par une division qui débouchait de derrière une montagne ; il lui fallut rappeler ses soldats. De retour à Ngan-Tsong, il récompensa ses divisions victorieuses et témoigna sa reconnaissance à l’habile conseiller en lui offrant un splendide repas. Pendant le festin il lui dit : « Quand j’ai attaqué avec des troupes triomphantes une armée en fuite, vous m’avez présagé une défaite ; quand j’ai attaqué avec des troupes déjà repoussées une armée triomphante, vous m’avez promis la victoire ; et vos prédictions se sont réalisées. Expliquez-moi comment cela a pu arriver ainsi, contre toute probabilité. — C’est facile à comprendre, répondit Hia-Hu ; tout habile que vous êtes dans les combats, général, vous n’êtes pas de force à lutter contre Tsao ; celui-ci qui fuyait a deviné que vous le poursuiviez ; il est resté à l’arrière avec ses meilleurs soldats pour vous arrêter. Ceux que vous lanciez en avant étaient bons sans doute, mais ceux qu’il vous opposait valaient mieux encore ; j’en ai conclu que vous seriez défait sans aucun doute. Très certainement Tsao a quelque affaire pressante qui le rappelle à la capitale ; après nous avoir repoussés il ne pouvait manquer de hâter sa retraite, laissant à l’arrière-garde qu’il abandonnait, d’autres généraux incapables de vous tenir tête. Donc cette fois, j’ai deviné que vous auriez l’avantage. » Les deux chefs admirèrent la sagacité du mandarin ; toujours unis d’intérêt et prêts à se secourir, ils se retirèrent l’un (Liéou-Piao) dans le Hing-Tchéou, l’autre (Tchang-Siéou) dans la capitale du Hiang-Tchéou.

Voyant son arrière-garde en déroute, Tsao-Tsao se porta immédiatement de ce côté avec ses généraux. Les soldats mis en fuite lui dirent que sans l’arrivée inattendue d’une division rencontrée sur le chemin, c’en était fait d’eux. Comme il demandait avec empressement le nom de celui qui la commandait, un officier, sautant avec légèreté à bas de son cheval, se présenta devant lui.