Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À la vue d’un mandarin aux ordres de Liu-Pou, le messager se trouble et ne peut répondre un seul mot ; ce qu’il portait, c’était la réponse de Hiuen-Té au premier ministre ! Amené par Tchin-Kong près de Liu-Pou, il répondit aux questions de ce dernier : « Son excellence Tsao m’a envoyé porter, à Liéou-Hiuen-Té qui réside à Siao-Pey, un message dont je vais lui remettre la réponse ; j’ignore de quoi il s’agit !… » Tchin-Kong, se doutant bien que cette mystérieuse correspondance cachait quelque important dessein, n’hésita pas à conclure qu’on devait briser le cachet ; tout épouvanté de ce qu’il soupçonnait déjà, Liu-Pou donna la lettre au conseiller pour qu’il en fit lecture ; voici ce qu’elle contenait :

« J’ai reçu les ordres de votre excellence ; oserais-je ne pas mettre tout le zèle possible à les exécuter !…… Seulement, ayant trop peu de soldats et de généraux, je ne puis entrer en campagne ; et j’attends que votre excellence vienne me soutenir à la tête des troupes impériales. Je marcherai en avant-garde[1] ; Liu-Pou est une bête fauve de l’espèce du tigre et du loup ; il faut se garder de l’attaquer sans précaution… Mes troupes sont prêtes, et j’attends les nouveaux ordres de votre excellence ! »

À cette lecture, Liu-Pou laissant éclater sa fureur, traita Tsao-Tsao de brigand effronté. Il fit décapiter le messager, et prit ses mesures pour aller attaquer Hiuen-Té à l’instant[2]. Celui-ci, voyant

  1. Le mot impérial est très significatif dans la bouche de Hiuen-Té, allié à la famille régnante et invariablement attaché à la dynastie par cette même cause. Remarquons que la petite phrase suivante est omise dans l’édition in-18 ; peut-être serait-il mieux de supposer que Hiuen, en écrivant une lettre confidentielle, n’a pas mis tout au long le nom de Liu-Pou, en y ajoutant une épithète injurieuse.
  2. Il dit à Tchin-Kong et à Tsang-Pa : allez rassembler les brigands des monts Tan-Chan, Sun Kouan, Ou-Tun, Yn-Ly, Tchang-Hy ; et emparez-vous de la ville de Yen-Tchéou, dans le Chan-Tong. Les généraux, Kao-Chun et Tchang-Liéao, durent marcher contre la place forte de Siao-Pey, résidence de Hiuen-Té ; Song-Hien et Œy-So, contre Jou-Hing ; Liu-Pou en personne les seconderait à la tête du principal corps d’armée, partagé eu trois divisions. — La multiplicité des noms propres nous a fait rejeter ce passage au bas de la page.