Page:Theuriet – Frida.djvu/124

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du côté des Vaux de Naives ; de légers duvets de neige commencèrent à tournoyer dans l’air glacé. Ce fut d’abord comme un timide vol de mouches, puis les flocons devinrent plus drus, plus épais, et, en quelques instants, la terre rouge des vignobles fut saupoudrée d’une fine poussière de sucre. Moi-même, je me vis en un clin d’œil tout moucheté de blanc, et ce brusque trouble atmosphérique commença de me tourmenter.

Par ce mauvais temps, il était peu probable que Frida songeât à se promener dans le jardin, et alors qu’allait-il advenir de ma pauvre lettre ?… Si la neige tombait longtemps avec la même violence, mon billet doux risquait fort d’être enseveli sous une couche glacée, et, si le dégel survenait, l’eau n’en ferait qu’une lamentable bouillie. Ces craintes me tracassaient cruellement, elles m’empêchaient de m’émouvoir du piteux état de ma veste, blanche de frimas, et de m’apercevoir de la longueur du chemin. Je