Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/122

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— N’est-ce pas ?… Et puis j’aurai le plaisir de vous tenir compagnie.

— Merci, je vais remonter chez moi pour achever une lecture commencée.

— Bah ! vous étudierez demain !… D’ailleurs, vous avez l’air fatigué.

En effet, grisé par la chaleur du dehors, je m’étais appuyé à l’une des colonnes du patio, comme un homme qui n’en peut plus.

— Voulez-vous, continua-t-elle, que je vous prépare un verre d’eau de fraises ?

— Volontiers.

Elle s’était élancée gaîment dans une pièce voisine ; elle en revint peu après avec un grand verre d’eau glacée, dans lequel ses doigts broyèrent un de ces refrescos, au suc de fraises, qui se fabriquent spécialement à Séville. Une fois la boisson préparée, elle posa le verre devant moi sur un guéridon, en me faisant une espiègle révérence.

Je vidai le verre à moitié, et, tout en la remerciant, je remarquai un détail singulier de sa toilette. Elle était vêtue de noir, comme presque toutes les Sévillanes de la bourgeoisie, mais elle portait, épinglé sur le côté gauche de son corsage,