Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/220

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En rentrant dans sa propre chambre, il y trouva Marie-Ange, qui feignait d’être très affairée à la pose d’un rideau. Dès qu’elle l’aperçut, elle détourna la tête d’un air irrité. Jean, qui n’avait pas la conscience tranquille, crut devoir faire le bon apôtre. Saisissant Marie-Ange par les épaules, il la força de se retourner :

« Tu boudes donc, mauvaise ? » murmura-t-il.

Marie-Ange releva vers lui ses yeux humides : — « Oui, je boude, » grommela-t-elle. « Qu’est-ce que c’est que cette dame ?

— Je te le répète, une de mes amies… c’est-à-dire la femme d’un de mes amis.

— Vous me jurez qu’elle ne vous est rien autre ?

— Quelle idée !… Je l’ai rencontrée par hasard au Casino, elle a désiré connaître Morgrève et y passer quelques jours… Je ne pouvais dire non… Elle s’en ira à la fin de la semaine, et voilà tout.

— Est-ce la vraie vérité ?

— Parbleu, tu le verras bien… Allons, ma mignonne, viens m’embrasser.

Marie-Ange jeta sa tête sur la poitrine de Trémereuc, et, le serrant dans ses bras avec un élan de passion sauvage :