Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/319

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VI


Véronique et son compagnon suivaient silencieusement le chemin qui monte vers les bois. La jeune femme marchait avec une hâte fiévreuse ; elle aurait voulu mettre entre elle et Saint-Gengoult des milliers de lieues… Elle ne ralentit le pas qu’en atteignant la lisière de la forêt. — La route s’y enfonçait brusquement comme sous des voûtes d’une voie souterraine. Les cimes touffues des grands arbres interceptaient la vue du ciel et l’obscurité était profonde. — Voilà l’image de l’avenir qui m’attend, pensa Véronique en s’arrêtant pour reprendre son souffle et pour accoutumer ses yeux aux ténèbres. — Instinctivement elle se retourna vers l’entrée du bois, et vit blanchir, dans le cintre formé par les branches, le ciel scintillant et lointain. Cette baie lumineuse s’ouvrait sur sa vie passée. Malgré des épreuves pénibles, ce