Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/102

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se trouuent mines de fer : comme celle de Palme pour l’abondance des palmes, et ainsi des autres. Fertilité de l’Isle de Fer. Et encores qu’elle soit la plus petite en toute dimension (car son circuit n’est que de six lieues) si est elle toutesfois fertile, en ce qu’elle contient, tant en cannes portàs sucres, qu’en bestial, fruits, et beaux iardins par sus tous les autres. Elle est habitée des Espagnols ainsi que les autres isles. Quant au blé il n’y en a pas suffisance pour nourrir les habitans : parquoy la plus grande part, comme les esclaues, sont contraincts de se nourrir de laict, et fourmages de cheures, dont y en a quantité : parquoy ils se montrent frais, dispos, et merueilleusement bien nourris : par ce que tel nourrissement par coustume est familier à leur naturel, ensemble que la bône temperature de l’air les fauorise. Laict et fourmage graueleux. Quelque demy philosophe ou demy medecin (honneur gardé à qui le mérite) pourra demander en cest endroit, si usans de telles choses ne sont graueleux, attendu que le laict et formage sont matiere de grauelle, ainsi que l’on voit aduenir à plusieurs en nostre Europe : ie repondray que le fourmage de soy peut estre bô et mauuais, graueleux, et non graueleux selô la quàtité que lon en prend et la diposition de la personne. Vray est qu’à nous autres, qui à une mesme heure non contens d’une espece de viâde, en prenons bien souuent de vingt cinq ou trente, ainsi qu’il vient, et boire de mesme, et tant qu’il en peut tenir entre le bast et les sangles, seulement pour honorer chacune d’icelles, et en bonne quantité et souuent : si le fourmage se trouue d’abondant, nature desia greuée de la multitude, en pourra mal faire son proffit, ioint