Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/109

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ont estimé que c’estoit sang de dragon : et ainsi a estimé Pline[1] en son luire trête troisiesme de l’histoire naturelle, chap. septiesme. Desquels tât Cynabre que sâg de Dragô, ne se trouue auiourd’huy de certain ne naturel par deça, tel que l’ont descript les Anciens, mais l’un et l’autre est artificiel. Doncques attêdu ce qu’en estimoyent les Anciens, et ce que i’ay congneu de ceste gôme, ie l’estimeroye estre totalement semblable au Cynabre, et sang de dragon, ayant une vertu astringête et refrigerative. le ne veux oublier entre ces fruits tant singuliers, comme gros limons, orenges, citrons, et abondance de grenades doulces, vineuses, aigres, aigres doulces, moyennes, l’escorce desquelles ils appliquent à tanner et enforcer les cuirs, pour ce qu’elles sont fort astringentes. Et pense qu’ils ont apris cela de Pline, car il en traite au liure treziesme chap. dix-neufiesme de son histoire. Brief, ces isles tât fertiles et aménes surmonteront en delices celles de la Grece, fusse Chios, que Empedocles a tât celebré, et Rhodes Apollonius, et plusieurs autres.

  1. Thevet a donné une fausse indication : Voici le passage de Pline (xxxiii. 38.) : Sic appellant saniem draconis elisi elephantorum morientium pondere, permixto utriusque animalis sanguine, ut diximus (viii. 12.).