Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/115

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habité de gens assez sauuages, non autant toutesfois que des basses Indes, fort noirs côme ceux de la Barbarie. Et faut noter, que depuis Gibaltar, iusques au païs du Preste-Jan, et Calicut, contenant plus de trois mille lieues, le peuple est tout noir. Et mesmes i'ay veu dans Hierusalem, trois euesques[1] de la part de ce Preste-Jan, qui estoyent venuz visiter le saint sepulchre, beaucoup plus noirs, que ceux de la Barbarie, et non sans occasion : car ce n'est à dire que ceux generalement de toute l'Afrique, soyent egalement noirs[2], ou de semblables meurs et conditions les uns comme les autres : attendu la varieté des regions, qui sont plus chaudes les unes que les autres. Mores blancs.Ceux de l'Arabie et d'Egypte sont moyês entre blàc et noir: les autres bruns ou grisatres, que lon appelle Mores blâcs : les autres parfaittemêt noirs comme adustes. Mores blancs. Ils viuent la plus grand part tous nuds, comme les Indiens, recongnoissans un roy, qu'ils nomment en leur làgue Mahouat : sinon que quelques uns tant homes que femmes cachent leurs parties hôteuses de quelques peaux de bestes[3]. Aucuns entre les autres

  1. C'étaient sans doute des évêques abyssins. Le prêtre Jean qui fit tellement travailler les imaginations du moyen âge n'était en effet que le négus ou empereur d'Abyssinie. Ses sujets étaient convertis au Nestorianisme depuis le quatrième siècle.
  2. Cette variété de coloration est réelle. L'amiral Fleuriot de Langle dans ses croisières à la côte d'Afrique a remarqué que la couleur des sénégalais varie du bronze florentin au noir le plus foncé. Il a même observé des cas fréquents d'albinisme. (Tour du monde. 593).
  3. Ces usages se sont perpétués : Les étoffes recherchées par