Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/122

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planter. Quant au fruit[1] il porte chair par dehors, qui croist la premiere, et au dedans un noyau de bois, c’est à dire la graine ou semence de l’arbre : comme nous voyôs es pommes de ce païs. Et qu’ainsi soit lon en trouue de petites sans noyau en une mesme branche que les autres. Dauantage, cest arbre apres estre mort, reprend naissance de soy mesme : Phenix, oyseau pourquoy ainsi appelé. Prouerbe. qui semble auoir donné le nom à cest oyseau, que lon appelle Phenix, qui en grec signifie Palme, pour ce qu’il prend aussi naissance de soy sans autre moyen. Encores plus cest arbre tant celebré a donné lieu et argument au prouerbe, que lon dit, Remporter la palme, c’est à dire le triomphe et victoire : ou pour ce que le têps passé on usoit de palme pour couronne en toutes victoires, comme tousiours verdoyante : combien que chacun ieu, ou exercice avoit son arbre ou herbe particulierement, comme le laurier, le myrthe, l’hierre, et l’olivier : ou pour ce que cest arbre, ainsi que veulent aucuns, ayt premierement esté consacré à Phebus, auât que le laurier, et ayt de toute antiquité representé le signe de la victoire. Proprieté de la palme. Et la raison de ce recite Aulu-Gelle[2], quâd il dit que cest arbre a une certaine propriété, qui conuient aux hommes, vertueux et magnanimes : c’est que iamais la palme ne cede, ou plie sous le fais, mais au contraire tant plus elle est chargée, et plus par une maniere de resistance, se redresse en la part opposite. Ce que conferme Aris-

  1. Pline, xiii. 4.
  2. Aulu Gelle. Liv. iii. § 6.