Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/123

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tote[1] en ses Problemes, Plutarque en ses Symposiaques, Pline et Theophraste. Et semble conuenir au propos ce que dit Virgile,

N’obeis iamais au mal qui t’importune
Ains vaillamment resiste à la Fortune.

Or est il temps desormais de retourner à nostre promontoire : auquel, tant pour la disposition de l’air treschaud (estant en la zone torride distant XV degrez de la ligne Equinoctiale) que pour la bonne nature de la terre, croist abondance de palmes, desquels ils tirent certain suc pour leur despence et boisson ordinaire. Maniere de faire ce vin de palmiers. L’arbre ouuert auec quelque instrumêt, comme à mettre le poin, à un pied ou deux de terre, il en sort une liqueur, qu’ils reçoiuent en un vaisseau de terre de la hauteur de l’ouuerture, et la reseruent en autres vaisseaux pour leur usage.

Et pour la garder de corruption, ils la salent quelque peu, comme nous faisons le verius par deça : tellement que le sel consume ceste humidité crue estant en ceste liqueur, laquelle autrement ne se pouuant cuire ou meurir, necessairement se corromprait. Proprieté du vin de palmiers. Quant à la couleur et consistence, elle est semblable aux vins blancs de Champagne et d’Aniou : le goust fort bon, et meilleur que les citres de Bretagne. Ceste liqueur est trespropre pour refreschir et desalterer, à quoy ils sont subiets pour la côtinuelle

  1. Aristote. Problemata. Liv. vii ; Plutarque. Symp. Liv. viii ; Pline. Hist. Nat. Liv. xvi. § 42 ; Theophraste. Hist. des plantes. Liv. v.