Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/156

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et m’a recité un entre les autres, que pour une fois ont chargé douze mil de ces dents, entre lesquelles s’en est trouué une de merueilleuse grandeur, du pois de cent liures. Car ainsi que nous auôs dit, le païs d’Ethiopie nourrit elephàs, lesquels ils prennent à la chasse, côme nous ferions icy les sangliers, auec quelque autre petite astuce et methode, ainsi en màgent ils la chair. Laquelle plusieurs ont affermé estre tres bône : ce que i’aime mieux croire, qu’ê faire autremèt l’essay ou en disputer plus longuement. Elephant animal approchant de la raison humaine. Ie ne m’arresteray en cest endroit à descrire les vertus et proprietez de cest animal le plus docile et approchàt de la raisô humaine, que nul autre, veu que cest animal a este tat celebré par les Anciês, et encores par ceux de nostre têps, et attendu que Pline[1], Aristote, et plusieurs autres en ont suffisammèt traité, et de sa chair, laquelle on dit estre medicamenteuse, et propre contre la lepre, prise par la bouche ou appliquée par dehors en poudre : les dents que nous appellons iuoyre, conforter le cueur et l’estomach, aider aussi de toute sa substance le part au ventre de la mere. le ne veux donc reciter ce qu’ils en ont escript, comme ce n’est nostre principal subiect, aussi me sembleroit trop elongner du propos encommencé. Toutesfois ie ne laisseray à dire ce que i’en ay veu. Que si de cas fortuit ils en prennent quelques petis, ils les nourrissent, leurs apprenans mil petites gentillesses : car cest animal est fort docile, et de bon entendement.

  1. Pline. Histoire naturelle. viii. i-xi. — Aristote. De animalibus. iii. Passim.