Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/165

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sommes, necessairement estre habitable. Et ainsi des cinq parties du monde ils en ostent trois, de sorte que selon leur opiniô n’en resteroit que deux, qui fussent habitables. Et pour le donner mieux à entendre à un chacun (combien que ie n’estime point que les sçauants l’ignorent) i’expliqueray cecy plus à plein et plus apertemêt. Cinq zones par lesquelles est mesuré le môde. Voulans donc prouuer que la plus grande partie de la terre est inhabitable, ils supposent auoir cinq zones en tout le monde, par lesquelles ils veulent mesurer et côpasser toute la terre : et desquelles deux sont froides, deux temperées, et l’autre chaude. Et si vous voulez sçauoir comment ils colloquent ces cinq zones, exposez vostre main senestre au soleil leuant, les doigts estendus et separez l’un de l’autre (et par ceste methode l’enseignoit aussi Probus Gràmaticus), puis quand vous aurez regardé le soleil par les intervalles de voz doigts, fleschissez les et courbez un chacun en forme d’un cercle. Zone froide. Par le pouce vous entendrez la zone froide, qui est au Nort, laquelle pour l’excessiue froidure (comme ils afferment) est inhabitable. Toutesfois l’experiêce nous a monstré depuis quelque temps toutes ces parties iusques bien pres de nostre pole, mesme outre le parallele Arctique, ioignant les Hyperborées, comme Scauie, Dace, Suece, Gottie, Noruegie, Dànemarc, Thyle, Liuonie, Pilappe, Pruse, Rusie, ou Ruthenie, où il n’y a que glace et froidure perpetuelle[1]1, estre neant-

  1. On le savait bien avant Thevet : Voir Keraglio. De la connaissance que les anciens ont eue du nord de l’Europe. Acad. des Inscrip. xlv. 26-57. — Lelewel. Pythéas de Marseille. — moins