Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lime. Ce poisson a six taillades en permis de chacun costé du gosier, ordônez à la façon d’une Lamproye, la teste telle que pouuez voir par la figure mise icy après : les yeux presque au bout de la teste, tellement que de l’un à l’autre y a stance d’un pied et demy. Ce poisson au surplus est assez rare, toutesfois que la chair n’en est fort excellente à manger, approchant du goust à celle du chien de mer. Espece de Raies Il y a dauantage en ce fleuue grade abondâce de Raiës, mais d’une autre espèce que les nostres : elles sont deux fois plus larges et plus longues, la teste platte et longue, et au bout y a deux cornes longues chacune d’un pié, au milieu desquelles sont les yeux. Elles ont six taillades soubs le ventre, près l’une de l’autre : la queue longue de deux pieds, et gresle comme celle d’un rat. Les Sauuages du païs n’en mangeroient pour rien, non plus que la tortue, estimas que tout ainsi que ce poisson est tardif à cheminer en l’eau, rendroit aussi ceux qui en mangeroient tardifs, qui leur seroit cause d’estre pris aisément de leurs ennemis, et de ne les pouuoir suyure legerement à la course. Ineuonea. Ils l’appellent en leur langage Ineuonea. Le poisson de ceste riuiere uniuersellement est bon à manger ; aussi celuy de la mer costoyât ce païs, mais non si delicat que soubs la ligne et autres endroits de la mer. Ie ne veux oblier, sur le propos de poisson à reciter une chose merueilleuse et digne de memoire. En ce terrouër autour du fleuue susnômé, se trouuent arbres et arbrisseaux[1] approchâts de la mer, tous couuerts et

  1. Ces arbres sont les palétuviers.