Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/23

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Cette mésaventure, les fatigues de ses excursions, et surtout la crainte des discordes qu’il prévoyait, engagèrent Thevet à solliciter son congé. Aussi bien, il avait fait une ample moisson d’observations et de curiosités, et n’aspirait qu’à rentrer en France pour en faire part à ses amis. Villegaignon à ce moment cherchait sa voie; il hésitait entre le catholicisme et la réforme. Il venait d’écrire à Calvin pour lui demander des colons et des ministres. Il s’imagina que Thevet, protégé du cardinal de Lorraine, pourrait devenir un témoin embarrassant, et lui octroya le congé demandé.

Thevet revint sans encombre en Europe. On s’occupait alors beaucoup du Brésil. Plusieurs négociants s’apprêtaient à y envoyer leurs navires, et de nombreux colons demandaient à s’y établir. Thevet fut très-entouré, très-interrogé : On le pria même, afin de satisfaire la curiosité générale, de composer le récit de son voyage, et de décrire cette France américaine qui hantait les imaginations. Thevet s’exécuta de bonne grâce, et, tout en surveillant la double réimpression de sa Cosmographie du Levant (Jean Richard, au Soleil d’or, Anvers, 1556, petit in-8o avec figures. — Jean de Tournes, Lyon, 1556, petit in-4o avec figures sur bois), composa son nouvel ouvrage. Afin d’ajouter plus de crédit à ses descriptions, il