Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la. Les femmes et filles ne sont ainsi difformes : vray est qu’elles portent à leurs oreilles[1] certaines choses pendues, que les homes font de gros vignots et coquilles de mer : et est cela fait côme une chandelle d’un liard de longueur et grosseur. Les hommes en outre portent croissans longs et larges d’un piè sur la poitrine, et sont attachez au col. Aussi en portent communement les enfans de deux à trois ans. Colliers de vignots. Sorte de patinotres blanches. Ils portent aussi quelques colliers blancs, qui sont d’une autre espece de plus petis vignots[2], qu’ils prennent en la mer) et les tiennent chers et en grande estime. Ces patinotres que lon vend maintenant en France, blanches quasi comme iuoire, viennent delà, et les font eux-mesmes. Les matelots les achetent pour quelque chose de vil pris, et les apportent par deça. Quand elles commencerêt à estre en usage dans nostre France, l’on vouloit faire croire que c’estoit coral

  1. Cf. Thevet. Cosmographie universelle. P. 931. Lery. § viii : « Quant aux oreilles, à fin de s’y appliquer des pendans elles se les font si outrageusement percer, qu’outre que quand ils en sont ostez, on passerait aisement le doigt à trauers des trous… quand elles sont coiffees, cela leur battant sur les espaules, voire iusques sur la poitrine, il semble à les voir un peu de loin, que ce soyent oreilles de limier qui leur pendent de costé et d’autre. » Cf. Hans Staden. Ouv. cité. P. 270. « Ces pendants ont une palme de long, et l’épaisseur du pouce. Ils se nomment mambibeya. » Ce hideux usage s’est perpétué. Voir Marcoy. Du Pacifique à l’Atlantique. (Tour du Monde, n° 272.)
  2. Léry. § viii. « Après qu’ils ont poli sur une pièce de grez, une infinité de petites pièces d’une grosse coquille de mer appelée vignot, lesquelles ils arrondissent et font aussi primes, rondes et desliées qu’un denier tournois : percées qu’elles sont par le milieu, et enfilées auec du fil de cotton, ils en font des colliers. »