Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/296

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comme un œuf d’austruche, qui est de couleur de noz cocourdes de par deça : estant en façon de bouteille persée des deux bouts, passant par le milieu un baston d’hebene, long d’un pied et demy. Aral, oyseau. L’un[1] des bouts est planté en terre, l’autre est garny de beaux plumages d’un oyseau nommé Arat, qui est totalement rouge. Resuerie des Saunages. Laquelle chose ils ont en tel honneur et reputation, comme si elle le meritoit : et estiment cela estre leur Toupan : car quand leurs prophetes viennent vers eux, ils font parler ce qui est dedans, entendans par ce moyen le secret de leurs ennemis, et comme ils disent, sçauent nouuelles des ames de leurs amys decedez. Poules. Ces gens au tour de leurs maisons ne nourrissent aucûs animaux domestiques, sinon quelques poules[2], encores bien rarement et en certains endroits seulement, où les Portugais premierement les ont portées : car auparauant n’en auoyent eu aucune congnoissance. Ils en tiennent toutesfois si peu de compte, que pour un petit cousteau, vous aurez deux poules. Arignane. Les femmes n’ê mangeroyent pour rien ayans toutesfois à grand déplaisir quand ils voyent aucun Chrestien manger à un repas quatre ou cinq œufs de poule, lesquelles ils nôment Arignane : estimans que pour chacun œuf ils mangêt une poule, qui

  1. Sur les maracats Brésiliens, voir plus loin § LIV
  2. Léry. § xi. « Estimans entre eux que les œufs qu’ils nomment arignan-rapia, soyent poisons : quand ils nous en voyoient humer, ils en estoyent non seulement bien esbahis, mais aussi, disoyent-ils, ne pouuant auoir la patience de les laisser couuer, c’est trop grande gourmandise à vous, qu’en mangeant un œuf il faille que vous mangiez une poule. »