Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assises contre terre, pour crier[1] et plorer en signe de ioye et bien venue. Lesquelles si vous voulez endurer iettans larme, diront en leur làgue. Tu sois le tresbiè venu, tu es de noz bons amys, tu as prins si grand peine de nous venir voir, et plusieurs autres caresses. Aussi lors sera dedans son lict le patron de famille, plorant tout ainsi que les femmes. S’ils cheminent trête ou quarâte lieues tant sur eau que sur terre, ils viuent en communauté. Si l’un en a, il en communiquera aux autres, s’ilz en sont besoin : ainsi en font ilz aux estrangers. Qui plus est ce pauure peuple est curieux de choses nouuelles, et les admire Prouerbe. (aussi selon le prouerbe, ignorâce est mère d’admiration), mais encore d’auantage pour tirer quelque chose qui leur aggrée des estrangers, sçauent si bien flatter, qu’il est malaisé à les pouuoir econduire. Les hommes premieremêt, quand on les visite à leurs loges et cabannes, après les auoir saluez, s’approchent de teue asseurance et familiarité[2], qu’ils prendront

  1. Sur cet accueil singulier voir Gandavo (Santa Cruz. P. 113) « Quand on va les visiter dans leurs villages, quelques filles échevelées s’approchent du voyageur, et le reçoivent avec de grandes lamentations, versant beaucoup de larmes et lui demandant où il est allé. » Thevet dans sa Cosm. univ. (P. 929), attribue ces larmes au plaisir éprouvé par les sauvages. Cf. Léry. § xviii : « Les femmes venans à l’entour du lict, s’accronpissans les fesses contre terre, et tenans les deux mains sur leurs yeux, en pleurans de ceste façon la bienvenue de celuy dont sera question, elles diront mille choses à sa louange. » Cet usage s’est perpétué : Voir Orbigny. L’Homme américain. ii, 109.
  2. Léry fut ainsi reçu lors de sa première visite dans un village Brésilien, et il raconte sa surprise en termes amusants