Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/312

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plumage que l’autre : c’est à sçauoir noirs tous deux hors-mis autour de la queue, où il y a quelques plumes rouges, entrelacées parmi les noires, soubs la poitrine plume iaune enuiron quatre doigts, tant en longueur que largeur : et n’est possible trouuer iaune plus excellent que celuy de cest oiseau : au bout de la queue il y a petites plumes rouges comme sang. Les Sauuages en prennent la peau, à l’endroit qui est iaune, et l’accommodent à faire garnitures d’espées à leur mode, et quelques robes, chapeaux, et autres choses. Chapeau estrange composé de plumages. I’ay rapporté un chapeau fait de ce plumage, fort beau et riche, lequel a esté présenté au Roy, comme chose singulière. Et de ces oyseaux ne s’en trouue sinon en nostre Amérique, prenàt depuis la riuiere de Plate iusques à la riuiere des Amazones. Il s’en trouue quelques uns au Peru, mais ne sont de si grande corpulêce que les autres. A la nouuelle Espaigne, Floride, Messique, Terreneuve, il ne s’en trouue point, à cause que le pays est trop froid, ce qu’ils craignent merueilleusement. Au reste cest oyseau ne vit d’autre chose parmy les bois où il fait sa residêce, sinon de certains fruictz prouenans du païs. Aucuns pourraient penser qu’il fust aquatique, ce qui n’est vraysemblable, côme i’ay veu par experiêce. Au reste cest oyseau est merueilleusemêt difforme et môstrueux, ayant le bec[1] plus gros et plus lôg quasi que le reste du corps. Singularitez apportées par l'auteur de l'Amerique en France. I’en ay aussi apporté

  1. Sur le bec du toucan, voir Léry. § xi. — Thevet. Cosm. univ. P. 938. — Belon. Histoire de la nature des oiseaux. Liv. iii. § xxviii. P. 184.