Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/332

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mes, qui est le meilleur thresor de ces Sauuages. Les anciens Arabes et Egyptiens usoyent et appliquoyent aussi du miel en leurs maladies, plus que d’autres médecines, ainsi que recite Pline[1]. Les Sauuages de la riuiere de Marignan, ne mangent ordinairement, sinon miel auec quelques racines cuittes, lequel distille et déchet des arbres et rochers comme la manne du ciel, qui est un très bon aliment à ces barbares. Melissus, Roy de Crète. Pourquoy ont faint les poëtes les mouches estre volées à la bouche de Iupiter. A propos Lactance au premier liure des institutiôs diuines recite, si i’ay bonne mémoire, que Melissus Roy de Crète, lequel premier sacrifia aux Dieux, auoit deux filles, Amalthea et Melissa, lesquelles nourrirent Iupiter de laict de cheure, quand il estoit enfant, et de miel. Dont voyans ceux de Crète ceste tant bonne nourriture de miel, commencèrent en nourrir leurs enfans : ce qui a donné argument aux poëtes de dire que les mouches à miel estoyent volées à la bouche de Iupiter. Solon. Ce que cognoissant encore le sage Solon[2] permit qu’on transportast tous fruits hors de la ville d’Athènes, et plusieurs autres victuailles, excepté le miel. Pareillement les Turcs ont le miel en telle estime qu’il n’est possible de plus, esperâs après leur mort aller en quelques lieux de plaisance remplis de tous aliments, et spécialement de bon miel, qui sont

  1. Pline. H. N. xxi. 46. — xxii. 50. — xxix. 38-39. — xxx. 10, 17, 19.
  2. Erreur de Thevet. On lit en effet dans Plutarque (Solon. § 31.) « De toutes les productions indigènes, il ne permit de vendre aux étrangers que l’huile, et défendit l’exportation des autres. »