Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/355

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côme cent cinquante ans, les autres moins. Ils sont fort subiets au peché de luxure damnable et enorme deuât Dieu duquel ie me deporteray de parler, non seulement pour le regard de ceste contrée de l’Amerique, mais aussi de plusieurs autres. Ils font donc ordinairement la guerre, tant aux Espanols, qu’aux Sauuages du païs à l’entour. Richesse du païs à l’êtour la ruiere de Plate. Pour retourner à nostre propos, ceste riuiere de Plate, auecques le territoire circonuoisin est maintenant fort riche, tât en argent que pierreries. Elle croist[1] par certains iours de l’année, comme faict semblablement l’Aurelane qui est au Peru, et comme le Nil en Égypte. A la bouche de ceste riuiere se trouuent plusieurs isles[2], dont les unes sont habitées, les autres non. Le païs est fort montueux, depuis le cap de Sainte Marie[3] iusques

  1. Le débordement du fleuve commence ordinairement dans les derniers jours de décembre et continue sans interruption jusqu’au mois d’avril. Cette crue des eaux, pendant les quatre mois de l’année où le soleil est le plus rapproché des tropiques, paraît provenir des torrents de pluie qui tombent à cette époque, dans les contrées de la zone torride.
  2. Près de Montevideo, les îles Goritty, Flores.
  3. Presque toutes ces dénominations géographiques sont aujourd’hui changées. Le cap de Sainte-Marie se retrouve encore au sud de l’embouchure de la Plata, et le cap des onze mille Vierges à l’entrée du détroit de Magellan, mais la pointe Sainte-Hélène et le cap Blanc n’existent plus : ou du moins le cap Blanc s’appelle plus communément cap des Trois-Pointes au sud du golfe de Saint-Georges. Quant aux Arenes Gourdes et la baie de Fonde, on hésite entre port Désiré, port Saint-Julian et port Santa Cruz. Comparer les deux cartes de Patagonie d’Ortelius (1613) et de Daireaux. (L’Exploration, n° 50.)