Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/364

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danger. Voila quant à nostre destroit de Magellan. Terre Australe non encore decouverte. Touchant de l’autre terre nommée Australe, laquelle costoyant le detroit est laissée à main senestre, n’est point encores cognue des Chrestiens : combien qu’un certain pilot Anglais[1] homme autant estimé et experimenté à la marine que lon pourroit trouuer, ayant passé le detroit, me dit auoir mis pied en ceste terre : alors ie fuz curieux de luy demander quel peuple habitoit en ce païs, lequel me respondit qu’estoient gens puissans et tous noirs, ce qui n’est vraysemblable, comme ie luy dis, veu que ceste terre est quasi à la hauteur d’Angleterre et d’Escosse, car la terre est comme esclatante et gelée de perpetuelles froidures, et hyuer continuel.

  1. Thevet a négligé de conserver le nom de ce pilote anglais. Quant à la terre où débarqua cet inconnu, ce ne peut être que la Terre de feu, ou plutôt du feu, car les Espagnols lui donnèrent ce nom pour conserver le souvenir des feux qu’ils avaient aperçus sur le rivage. Les Fuégiens sont peut-être les individus les plus méprisables de l’espèce humaine. N’en déplaise à Thevet, le renseignement du pilote anglais était authentique. Les Fuégiens, en effet, aiment à se barbouiller de charbon et parfois d’ocre rouge. Ils pouvaient donc, aux yeux d’un observateur superficiel, passer pour nègres.