Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/386

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emerueiller, car ie sçay quelques uns de bonne memoire, qui y ont demeuré trois ou quatre mois[1] : et si le vêt ne nous eust fauorisé, nous estions en danger d’arrester d’auâtage, encore qu’il ne fut aduenu autre incôuenient. Ce cap tient de longueur huit lieues ou enuirô, distant de la riuiere dont nous estions partis trois cens deux lieues. Cap de Bône Esperance pourquoy nômé Lion de la mer. Il entre en mer neuf ou dix lieues du moins, et pource est autant redouté des nauigans sur ceste coste, comme celuy de Bonne-Esperance sur la coste d’Ethiopie, qu’ils ontpour ce nommé lion de la mer, comme i’ay desia dit : Cap de Saint Ange. ou bien autant comme celuy qui est en la mer Aegée en Achaïe (que lon appelle auiourd’huy la Morée) nômé cap de Saint Ange[2], lequel est aussi tres dangereux. Decouuerte de païs faite par le capitaine Pinson. Et a ce cap esté ainsi nommé par ceux qui premierement l’ont decouuert, que lon tient auoir esté Pinson[3] Espagnol. Aussi est il ainsi marqué en nos chartes marines. Ce Pinson auec un sien fils ont merueilleusement

  1. Léry. (§ xviii) avoue la grande difficulté que ses compagnons et lui eurent à surmonter pour doubler ce cap. Partis de la baie de Ganabara le 4 janvier 1558, ils étaient encore en vue des côtes Américaines à la fin de février.
  2. C’est le cap Matapan actuel.
  3. Pinzon (Vicente Ianez), le capitaine de la Nina, lors du premier voyage de Colomb. En 1499, il partit pour le nouveau monde avec quatre caravelles, aborda le continent en janvier 1500, un peu au sud des parages entrevus sept mois auparavant par Hojeda et Juan de la Cosa. Il longea la terre ferme pendant sept à huit cents lieues, et imposa partout des noms espagnols. Il aurait, entre autres dénominations, donné celle de Santa Maria de la Consolacion au cap Saint-Augustin. Voir sur Yanez