Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/393

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degrez de la ligne, ayant de longueur enuiron trente lieues, et huit de largeur : laquelle est des plus riches qui se trouue point en quelque lieu que ce soit, pource qu’elle porte toute sorte de métaux. Mais pource que les Espagnols y descendans plusieurs[1] fois pour la vouloir mettre en leur obeissance ont mal traité les gens du pais, en ont esté rudemêt repoussez et saccagez la meilleure part. Espèce d’arbre semblable à un Palmier. Ceste isle produist abondance d’un certain fruit, dont l’arbre ressemble fort à un palmier, duquel ils font du bruuage. D’auantage se trouue là encens fort bon, bois de gaiac, qui est auiourd’huy tant celebré : pareillement en plusieurs autres isles prochaines de la terre ferme. Il se trouue entre le Peru et les Canibales, dont est question plusieurs isles[2] appellées Canibales assez prochaines de la terre de Zamana, dont la principale est distante de l’isle Espagnole enuiron trente lieues. Toutes lesquelles isles sont soubs l’obeissance d’un Roy, qu’ils appellent Cassique, desquels il est fort bien obeï. La plus grande a de longueur soixante lieues, et de largeur quarante huit, rude et montueuse, comparable presque à l’isle de Corse : en laquelle se tient leur Roy coustumierement. Les Sauuages de ceste isle sont ennemis mortels des Espagnols, mais de

  1. Les principaux conquistadores de la Trinité furent don Antonio Sedeno, don Juan Ponce, don Antonio de Berrio y Orana et son fils don Fernando.
  2. Ce sont les Antilles alors peuplées de Caraïbes. Sur les mœurs de ces Caraïbes on peut consulter Labat. Voyage aux îles d’Amérique. — Rochefort. Histoire civile et naturelle des Antilles, etc