Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/432

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quasi à une grosse lamproye. Et de telles especes ne s’en trouue gueres, sinon quinze degrez deça et delà la ligne, qui est cause selon mon iugement, que ceux qui font liures des poissôs l’ont omis auec plusieurs autres. Pirauene. Les Ameriques nôment ce poisson Pirauene[1]. Son vol est presque comme celuy d’une perdrix. Le petit vole trop mieux et plus haut que le grand. Et quelquefois pour estre poursuyuis et chassez en la mer, volent en telle abondâce, principalemêt de nuit, qu’ils venoyent le plus souuent heurter contre les voiles des nauires, et demeuroient là. Albacore. Un autre poisson est qu’ils appellent Albacore, beaucoup plus grand poisson. que le marsouin, faisant guerre perpetuelle au poisson volant ainsi que nous auons dit de la Dorade : et est fort bon à manger[2], excellent sur tous les autres poissons de la mer, tât de Ponent que de Leuant. Il est difficile à prendre : et pour ce lon contrefait un poisson blâc auecques quelque linge, que lon fait voltiger sur l’eau, comme fait le poisson volant, et par ainsi se laisse prendre communemêt.

  1. On peut comparer la description de Léry. § iii. « Ils sont si priuez que souuentes fois il est aduenu, que se posans sur les bords, cordages et mats de nos nauires, ils se laissoyent prendre auec la main, tellement que pour en auoir mangé, en voici la description : Ils sont de plumage gris comme espreviers : mais combien que quant à l’extérieur, ils paroissent aussi gros que corneilles, si est ce toutefois que quand ils sont plumez, il ne s’y trouue guere plus de chair qu’en un passereau. »
  2. Thevet. Cosmog. univ. P. 977. — Léry. § iii. « Parce que ce poisson n’est nullement visqueux, ains au contraire s’esmie et a la chair aussi friable que la truite, mesme n’a qu’une areste en tout le corps, et bien peu de tripailles, il le faut mettre au rang des meilleurs poissons de la mer. »