Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/460

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du iourd’huy iadis cruels et inhumains[1], par succession de temps ont changé si bien de meurs et de condition, qu’au lieu d’estre barbares et cruels, sont à present humains et gracieux, en sorte qu’ils ont laissé toutes anciennes inciuilitez, inhumanitez et mauuaises coustumes : comme de s’entretuer l’un l’autre, manger chairs humaines[2], auoir compagnie à la premiere femme qu’ils trouuoient, sans auoir aucun egard au sang et parentage, et autres semblables vices et imperfections. Leurs maisons sont magnifiquement basties[3] : entre les autres y a un fort beau palais, où les armes de la ville sont gardées : les rues[4]

  1. Ch. de Labarthe. De l’état politique et social du Mexique avant l’arrivée des Espagnols.
  2. Singulières exagérations : Les Mexicains immolaient mais ne dévoraient pas leurs prisonniers. Nous lisons pourtant dans Bernal Diaz (§ 83) que les Cholulans avaient préparé de grandes jarres pour y déposer, après les avoir salées, les chairs des Espagnols assassinés. Quant à leurs mœurs elles n’étaient ni meilleures ni pires que celles de leurs vainqueurs. L’institution du mariage était fort respectée. On avait même établi un tribunal uniquement chargé de discuter les questions qui s’y rattachaient. Le divorce ne pouvait être obtenu que par une sentence de cette cour, après une patiente audition des parties. Voir Torquemada et Clavigero. Ouv. cités.
  3. Les maisons de Mexico étaient presque toutes ornées de sculptures. Les fondations de la cathédrale ont été bâties avec des pierres sculptées. On ne peut creuser une cave sans déterrer quelque débris de l’art aztèque : mais on n’en fait aucun cas, et le gouvernement donne l’exemple du vandalisme. Pierre Martyr protestait déjà contre ces destructions systématiques. De orbe novo. Dec. V. § 10.
  4. Voici la description d’A. de Solis (ii, 12) : « Les rues de la ville étaient très larges et semblaient tirées au cordeau ; les