Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/486

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Sauuages, qui sont tant aux Indes de Leuât, qu’en l’Amerique, sans nulle ciuilité : et alloyent les hommes et femmes presque tous nuds : les autres estoyent vestus de peaux de diuerses especes de bestes. Aussi a esté la premiere côdition du genre humain, estant au commencement rude, et mal poly : iusques à ce que par succesion de temps, necessité a contraint les hommes d’inuenter plusieurs choses, pour la conseruation et maintien de leur vie. Encores font en ceste rude inciuilité ces pauures Sauuages admirans nostre vestement, de quelle matiere et comment il est ainsi basti iusques à demander quels arbres portoyent ceste matiere, comme il m’a esté proposé en l’Amerique : estimans la laine croistre es arbre comme leur cotton. Usage de la laine par qui inuenté. L’usage de laquelle a esté par long temps ignoré, et fut inuenté, comme veulent plusieurs, par les Atheniens, et mise en œuure. Les autres[1] l’ont attribué a Pallas, pour ce que les laines estoyent en usage auant les Atheniens, que leur ville fust bastie. Voilà pourquoy les Atheniens l’ont merueilleusement honorée, et eue en grande reuerence, pour auoir receu d’elle ce grand benefice. Et par ainsi est vraysemblable que lesdits Atheniens et autres peuples de la Grece, se vestoient de peaux, à la maniere de noz Canadiens : et à la similitude du premier homme, comme tesmoigne Saint Hierome, laissant exemple à sa posterité d’en user ainsi, et non aller tous nuds. En quoy ne pouuons assez louer et recongnoistre Dieu, lequel par singuliere affection, sur toutes les autres parties du monde, auroit uniquement fauorisé à nostre Eu-

  1. Pline. Hist. nat. vii, 57.