Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/516

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peuple qui se multiplioit, un chascun fut contraint de trauailler et soliciter la terre : pour en receuoir emolumêt necessaire à la vie. Et voila quât à leur agriculture. Maniere de gurerroyer des Sauuages de Terre Neuve. Au reste ce peuple est peu subiect à guerroyer si leurs ennemis ne les viennèt chercher. Alors ils se mettent tous en defense en la façô et maniere des Canadiens. Leurs instrumês incitâs à batailler, sont peaux de bestes têdues en maniere de cercle, qui leur seruêt de tabourins, auec fleustes d’ossemens de cerfs, comme ceux des Canadiens. Que s’ils apperçoyuent leurs ennemis de loing, ils se prépareront de côbatre de leurs armes, qui sont arcs et flèches : et auant qu’entrer en guerre leur principal guide, qu’ils tiennent côme un Roy, ira tout le premier, armé de belles peaux et plumages, assis sur les espaules de deux puissans Sauuages, à fin qu’un chacun le cognoisse, et soyent prôpts à luy obéir en tout ce qu’il cômandera. Et quâd il obtient victoire, Dieu sçait côme ils le caressent. Banieres estrâges. Et ainsi s’en retournent ioyeux en leurs loges auec leurs bâniers deployées qui sont rameaux d’arbres garnis de plumes de cygnes voltigeas en l’air, et portas la peau du visage de leurs ennemis, tendue en petis cercles, en signe de victoire, comme i’ay voulu représenter par la figure precedente.