Page:Thibaudet - La Poésie de Stéphane Mallarmé.djvu/245

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reste du vers qui sert de cheville à la rime. Il a écrit des sonnets en véritables bouts-rimés, sur quatre rimes uniques. Telles les rimes masculines aux quatrains des deux sonnets :

Le temple enseveli divulgue par la bouche

et

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx.

Cette recherche se retrouve en des sonnets de Baudelaire, ainsi dans les deux quatrains de Sed non satiata. C’est sans doute avec un dessein préconçu, peut-être spirituel, que Heredia déploie le même artifice dans l’Orfèvre : sonnet-enseigne, dirait-on, du Parnasse.

Mallarmé aime des chocs de rime, comme

Par son chant reflété jusqu’au
Sourire du pâle Vasco.

Presque tous les Loisirs de la Poste sont des jeux sur des noms de rue comme

À toutes jambes, Facteur, chez l’
Éditeur de la décadence,
Léon Vanier, quai Saint-Michel,
Dix-neuf, gambade, court et danse.

ou de correspondants, comme

Clermont-Ferrand du Puy-de-Dôme,
Matin, discrètement mets-l’y,
Cette missive, presque en tome,
Pour Hector Giacomelli.

Le sonnet à Puvis de Chavannes est fait, aux rimes féminines des quatrains, sur les deux homonymes gourde et les deux homonymes sourde.

Il a pratiqué la rime d’équivoques avec une joie subtile et amusée. Il aimait en elle le sanctuaire tech-