Page:Thibaudet - La Poésie de Stéphane Mallarmé.djvu/263

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d’horreur, et le vers prend comme une courbe humaine (croyez cependant que je ne le suppose que jusqu’au feu exclusive).

Le quatrième ne se comprend que par son groupe.

et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt à s’exhaler avant
Qu’il disperse le son dans une pluie aride
C’est, à l’horizon pas remué d’une ride,
Le visible et serein souffle artificiel
De l’inspiration, que regagne le ciel.

L’accent fort, sur la cinquième au lieu de la sixième, part une mesure en avant, figure exacte de prompt, et contraste avec le vers égal et régulier qui suit, où le son épanoui disperse sa pluie partout, en allitération et en assonance. La même accentuation se retrouve au troisième vers, et le même contraste avec les vers qui suivent. L’accent fort sur la cinquième, à horizon, pose la ligne lourde et immuable d’un horizon par un après-midi de chaleur, ligne que renforcent les accents graves du second membre. Les deux vers, après, font monter sur cette ligne horizontale, qui tient par son poids à la terre, une ligne suave comme la colonne de fumée bleue qu’exhale un autel antique : les s allitérées et bien espacées s’enroulent comme ses volutes heureuses, — et voyez quel emploi délicieux d’inspiration, dont la finale est si difficile à placer dans un bon vers.

Considération ! considération !

alexandrinisait feu Camille Doucet. (C’est contagieux !)

Dans

À l’heure où ce bois d’or et de cendres se teinte,

l’accent qui porte sur la cinquième laisse heureusement empiéter d’une syllabe le second hémistiche sur le premier : l’incendie crépusculaire commence, et cette rupture d’équilibre le peint à l’heure où point total encore et entrecoupé de ramures il investit le bois.