Page:Thibaudet - La Poésie de Stéphane Mallarmé.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qui cherche, parcourant le solitaire bond
Tantôt extérieur de notre vagabond —
Verlaine ?

(Tombeau.)

D’autres fois, mais plus rarement, tout l’accent est sur le mot rejeté.

Une ligne d’azur mince et pâle serait
Un lac

(Las de l’amer repos.)

Ici la vision atténuée ne comportait pas de rime saillante.

La coupe, inverse du rejet, qui fait descendre un vers de la rime antérieure, l’enjambement d’un vers sur le vers précédent, est mal nommée faux-rejet : je l’appellerai, si l’on veut, surjet. Le surjet est soumis au même principe de raison que le rejet.

Un Satyre habitait l’Olympe, retiré
Dans le grand bois sauvage au pied du mont sacré.

forme un surjet expressif pendant du rejet de l’escalier, — dérobé.

Quand jusqu’aux profondeurs les plus mornes, j’éclaire
L’immense tremblement de l’horizon confus,

dans le Colosse de Rhodes de Victor Hugo est le surjet le plus saisissant que je connaisse. Le mot en surjet figure littéralement, tendue d’un geste véhément et sûr, dans la nuit (la nuit que rendent la fuite et le vide de la muette antépénultième) au poing du géant de bronze, la torche de feu. Il la suspend sur la fusion d’assonances où le second vers mêle et fait flotter, avec les lointains, le mystère d’une étendue liquide et noire.

Mallarmé emploie ce surjet de façon vivante, sûre, imagée.

Se traînent va, moins pour chauffer sa pourriture
Que pour voir du soleil sur les pierres, coller