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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/156

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dans les temps de lutte religieuse. Elles languissent dans l’apaisement. L’esprit nouveau de Spuller fut pour elles un coup de foudre dans un ciel serein. L’affaire Dreyfus eût été leur âge d’or, si elle ne s’était terminée par la séparation de l’Église et de l’État, qui leur retira le curé de la bouche et les contraignit à une vie plus ralentie. Il existait au début du xxe siècle une Association des Libres Penseurs de France, dont les adhérents, en province, étaient très nombreux, et dont l’organe officiel, la Raison de l’ex-abbé Charbonnel, connaissait d’énormes tirages. Dans des milliers de communes avait lieu un « banquet du Vendredi dit Saint » où l’on se vengeait du cléricalisme sur la charcuterie ; il a complètement disparu. Et le militant libre penseur, le lanternier, l’apôtre cantonal de la raison, le lieutenant de louveterie officiel de la chasse à l’homme noir sorti de dessous terre, sont des types révolus.

De là une crise apparente des idées radicales. Mais tout de même, peut-on parler bien sérieusement de crise d’un parti, quand ses idées sont passées dans l’inconscient et