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Le pauvre homme, la tête nue, la chevelure collée sur la glace, en promenant ses yeux égarés autour de lui, ne vit qu’un tableau déchirant. Partout la solitude, la désolation ; la mer toujours tourmentée déferlait en mugissant sur le rivage désert ; le vaisseau naufragé, secoué en tous sens avec une violence extrême, se démantibulait rapidement.

Jugeant de son affreuse position, le malheureux perdit tout espoir de se sauver. Dès lors il se prépara à mourir. Il demanda pardon à Dieu pour les fautes de sa vie, et offrit son sacrifice au souverain Maître de toutes choses. Sa pensée se porta également vers le foyer domestique. Bien loin, dans une maison de Québec, se trouvaient des êtres chéris, une femme et des enfants, qu’il fallait se résigner à ne plus revoir.

Le second, Morin, s’était séparé de ses compagnons et avait pris la direction de l’ouest. Après avoir parcouru péniblement la distance de trois milles, épuisé de fatigues et engourdi par le froid, il