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CLOTILDE DE SURVILLE

pitance était dure à gagner, l’ancien marin se prenait souvent à regretter le carré de la Calypso. En cette pénurie, il se souvint de sa rencontre à Dusseldorf. Pardieu, quelle aubaine si Ton pouvait exhumer ces merveilles du passé, et pour leur découvreur, quel fructueux profit ! Mais d’abord il fallait retrouver Surville. Vanderbourg se mit en quête. Ce qu’il apprit était bien fait pour le décourager.

Le « Commissaire du Roi » avait eu une tragique destinée. Dix-huit mois durant, traqué par la police de Barras, il avait erré par les brandes cévenoles, pourchassé d’asile en asile. Un « Judas » l’avait dénoncé ; le brigadier de gendarmerie Delaigue, dit l’Empereur, le surprenait le 15 fructidor an VI avec quatre de ses compagnons, en un souterrain des gorges de l’Ance, creusé sous une maison isolée dans la commune de Tiranges.

Aussitôt le conseil de guerre, puis la fusillade expéditive, comme barbet et faux monnayeur. Or, la dernière pensée du marquis avait été pour ses chers manuscrits, confiés à des mains sûres et que, dans les termes les plus chaleureux, il recommandait à sa femme.